Refuge. Après l’incendie

Ce motif linéaire est évoqué par le revêtement ajouré de la façade du pavillon, lui-même en conversation avec les formes du boisé. C’est ainsi qu’un espace est créé au sein duquel s’amorce une véritable ontologie de la forêt de cette première moitié du 21e siècle : une entité hétérogène dont les parties et contreparties prenantes interagissent dans une chorégraphie millénaire dont la notation nous échappe souvent. Quantité d’espèces s’y réfugient pour trouver protection, nourriture et esprit de communauté. Autrefois occupé par les Premiers Peuples, cet écosystème nous apparaît presque déjà d’un autre temps, révolu en cette ère de perte massive des habitats sauvages, d’effondrement de la biodiversité et de crise climatique. Sortes de peaux de chagrin, le boisé de la Fondation et les milieux forestiers que photographie Rutkauskas à l’aide de son appareil à chambre conservent toutefois leur caractère de refuge et leur extraordinaire capacité de résurgence.

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Projet de commissariat, Fondation Grantham pour l’art et l’environnement, St-Edmond-de-Grantham, Québec, Canada, 2021.

Le terme refuge désigne, dans le contexte de l’exposition d’Andreas Rutkauskas à la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement (2021), tant les forêts – aussi altérées par l’humain soient-elles de nos jours – de l’Ouest canadien que celles de l’Est, dont le boisé de la Fondation Grantham constitue une sorte d’échantillon. La juxtaposition des tirages grand format réalisés par l’artiste aux percées qu’offre le pavillon de verre sur l’environnement compose une installation en contrepoint : sur les images, le paysage décharné formé par les pins à l’écorce carbonisée et, tout autour, les arbres constituant le boisé. Le regard s’attarde au motif vertical des troncs dévoilés par le feu et qu’a documenté méthodiquement Rutkauskas.

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