Le cabinet du Lac Saint-Louis

Installation in situ présentée au Musée de Lachine (commissaire René Viau), Montréal, Québec, Canada, 2015

C’est en prélevant des fragments de la réalité que Geneviève Chevalier reconstitue un contexte, une histoire. Et ce, un peu comme si à partir de ces morceaux choisis, elle recréait en laboratoire une simulation, un prototype. L’artiste, dans cette expérience, affronte le sujet de son intervention en dehors de toute approche formatée pour l’inscrire dans un champ de pratiques diversifiées. Extrayant des composantes et alternant entre différents systèmes de significations, Geneviève Chevalier établit une stratégie opératoire lui permettant de mieux capter la complexité de ce qui l’entoure. Oscillant entre l’expérimentation scientifique et le sens du merveilleux, l’enquête devient tout autant méthodologique que poétique, artistique que scientifique.

Quatre photographies alignées sur une bande de vinyle sont tirées d’archives datant de 1951. Elles montrent le musée/aquarium en été. Vues à travers un dispositif visuel, qui pourrait tout autant évoquer ces anciennes lanternes magiques décrites par Proust dans La recherche du temps perdu que les instruments d’analyse optique tel le microscope, d’autres images ont comme point de départ des ossements de poissons provenant de la collection du Musée. Le thème du lac se retrouve tout autant à travers des exemple de biologie aquatique que dans des vues anciennes du lac Saint-Louis.

Ce cabinet nous en apprend davantage sur l’écologie de cet espace bleu qu’est le lac, la nature et la santé des espèces qui y vivent. Cette approche se saisit en même temps du contexte même de l’exposition (histoire, environnement, écologie et muséologie). À l’exemple des anciens cabinets de curiosités, l’artiste s’inspire de l’histoire du site du Musée, qui jusque dans les années 1960 accueillait une l’ancienne pisciculture, alors que le bâtiment d’aujourd’hui, qui abrite l’exposition, a été construit pour servir de laboratoire scientifique au début des années 1950. Convié à pénétrer dans ce cabinet au mobilier flairant une discrète nostalgie, le visiteur devient le témoin, et le complice, de l’investigation pluridimensionnelle de l’artiste.

Texte de René Viau

Crédit photo:
Images 1, 4 et 5 : Richard-Max Tremblay

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