Projet Stanstead ou comment traverser la frontière

Projet de commissariat présenté par la Galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s, Sherbrooke et Stanstead, Québec, Canada, 2011 et 2012 

L’exposition Projet Stanstead ou comment traverser la frontière repose sur la notion géopolitique de frontière. Les citoyen-nes de Stanstead ― ville frontalière des Cantons-de-l’Est et voisine de Derby Line au Vermont ― ont été témoins, depuis le début des années 2000, d’un renforcement de sécurité qui s’est concrétisé par l’installation de barrières et par une augmentation du nombre de gardes frontaliers. À Stanstead, des générations de personnes ont, depuis la fin du 18e siècle, traversé la frontière régulièrement, certaines d’entre elles ayant des membres de leur famille répartis des deux côtés de la ligne. 

Le premier volet du projet (2011) aborde, à travers l’approche contextuelle des artistes réuni-es, la question des frontières dans le monde et la nature des territoires qu’elles circonscrivent, pour mieux introduire le cas particulier de la zone formée par Stanstead et Derby Line. Les vidéo Performing the Border (1999) et Europlex (2003) d’Ursula Biemann remettent en question la légitimité des frontières que crée le néocapitalisme entre les nations favorisées et défavorisées, entre les hommes et les femmes. L’œuvre Green Border (1993) présentée à la Biennale de Venise par Christian Philipp Müller met à l’épreuve les frontières historiques de l’Autriche, alors que l’œuvre Burning Love (2010) explore les traditions d’une communauté de tisserands d’une localité montagnarde. Des photographies, vidéo et carnet de voyage d’Andreas Rutkauskas, réalisés à partir du site environnant Stanstead, révèlent le caractère arbitraire de la division linéaire du territoire canadien et étatsunien. 

En 2012, l’événement a pris racine au cœur de la communauté de Stanstead avec les œuvres de Raphaëlle de Groot et Althea Thauberger. L’exploration menée par ces artistes a dévoilé un réseau formé des personnes rencontrées et de leurs histoires. De Groot, poursuivant son projet alors en chantier, Le poids des objets, a parcouru la région à la recherche d’objets et des histoires qui leurs sont inévitablement rattachées. Au fil des rencontres, elle a peu à peu étoffé sa compréhension des lieux et de leurs habitants qu’elle a articulée dans une récitation illustrée, au confluent de l’imaginaire et du réel.

Thauberger s’est quant à elle focalisée sur l’histoire de la Nation Waban-Aki qui occupait autrefois un territoire couvrant le nord de la Nouvelle-Angleterre jusqu’au sud des Provinces Maritimes. L’artiste a réalisé une performance participative reposant sur la rencontre de deux membres de la Nation Waban-Aki (d’Odanak, QC et de Newport, VT) dans la Salle d’opéra Haskell, un bâtiment situé à cheval sur la frontière. Ce faisant, l’œuvre s’attarde à la langue abénakise et à son processus de traduction à partir de l’anglais et du français.

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